Elles ont tout des grandes !
L’actionnariat salarié est au fil des années devenu l’un des axes de développement privilégié de la politique RSE des entreprises françaises en général et du partage de la valeur ajoutée en particulier. S’il s’est initialement et logiquement développé dans les plus grandes entreprises, sa vraie dynamique repose désormais de plus en plus sur des sociétés à taille humaine, dont les performances en la matière n’ont souvent plus rien à envier à celles des grandes stars de la cote.
Par Stéphane Barbier de la Serre, éditorialiste Denjean & Associés
L’actionnariat salarié s’est logiquement développé initialement dans de très grandes entreprises cotées.
Le principe même de l’actionnariat salarié justifie pleinement que celui-ci se soit d’abord développé au sein de sociétés cotées et donc de taille importante. Parmi ces sociétés, on peut citer Spie, qui en est déjà, depuis le mois d’octobre, à la sixième édition de son programme d’actionnariat salarié « Share for You », ouvert à ses 44 000 salariés dans 13 pays. Et, après des années d’une telle politique volontariste, les chiffres sont éloquents : avec 6,7 % du capital, les salariés sont d’ores et déjà les premiers actionnaires du groupe ! Autre exemple de mastodonte de la cote ayant mis l’accent sur l’actionnariat salarié, AXA, qui vient de finaliser (fin novembre) son offre d’actionnariat salarié « Shareplan 2022 ». Cette opération, d’un montant de près de 300 millions d’euros a été souscrite par près de 21 000 collaborateurs du groupe dans 37 pays, soit près de 19 % de l’effectif salarié concerné. Au terme de cette opération, les salariés détiennent désormais 4,2 % du capital et 5,8 % des droits de vote d’un groupe dont la capitalisation boursière avoisine, soulignons-le, les 64 milliards d’euros…
Les PME montent au créneau
Si les grandes entreprises cotées ont certes ouvert la voie de l’actionnariat salarié, elles sont aujourd’hui puissamment relayées si ce n’est techniquement distancées par des sociétés de taille beaucoup plus modeste et ce particulièrement depuis la loi PACTE du 22 mai 2019, qui a rendu le dispositif plus attrayant pour les PME, particulièrement en matière d’abondement de l’entreprise, de partage de plus-value de cession ou de décote, laquelle peut désormais aller jusqu’à 30 % du prix des titres. Pour autant, le cadre législatif n’explique pas tout : en effet, nombre de PME jouissent avant tout d’une expertise technique ou d’une agilité opérationnelle leur permettant d’avancer à pas de géants. Ainsi, et c’est une première dans le secteur de l’audit et de l’expertise comptable (et même des professions réglementées dans leur ensemble), Denjean & Associés vient de mettre en place un fonds commun de placement d’entreprise, permettant à la totalité de ses collaborateurs, indépendamment de leur grade ou ancienneté, de devenir actionnaires de l’entreprise tout en bénéficiant d’un abondement unilatéral, sans aucune contrepartie de versement. Au terme de cette opération, les salariés détiennent collectivement 7,5 % du capital de leur société, là où la part moyenne du capital détenue par les salariés dans les entreprises du SBF120 est inférieure à 3 %. L’exploit n’est pas mince pour une société de 150 personnes réalisant un chiffre d’affaires de 19 millions d’euros. Mais, incidemment, on ne se s’étonnera guère que Denjean & Associés travaille pour nombre de grands groupes…
Au final, l’actionnariat salarié jouit d’un potentiel de développement considérable, surtout si l’on considère qu’à peine 9 % des entreprises non cotées du secteur privé ont d’ores et déjà mis en place ce type de dispositif. L’avenir est au PME dans ce domaine comme tant d’autres et l’on pourrait aller jusqu’à dire que si les géants de la cote demeurent les poumons de l’actionnariat salarié, les sociétés à taille humaine sont vouées à en constituer le cœur ; cœur à tous les sens du terme, il va sans dire…